Elections du 23 juin 2004: nos questions culture/média

Chapitre 3 | Les médias et les enfants (questions 11 à 18)

QUESTION 18: L'éducation à la presse écrite se développe à l'école mais pourquoi proposer aux enfants des quotidiens pour adultes plutôt que des journaux qui leur sont destinés?

Du coup, nombre de quotidiens ne parlent pratiquement plus d'éducation aux médias audiovisuels mais ne s'intéressent plus désormais qu'à cette nouvelle initiative qui leur permet de vendre du papier...

- Christian Dupont, Ministre de la Culture (PS): Je pense que ce n'est pas une mauvaise idée d'offrir des quotidiens aux enfants parce que le début de l'éducation aux médias commence peut-être par l'examen des "unes". C'est clair que vous pouvez ainsi découvrir différentes conceptions de ces premières pages. Je ne pense pas que la plupart des citoyens en soient réellement avertis. C'est bien que les élèves de 4ème, 5ème ou 6ème primaires aient la possibilité de découvrir comment des journaux se composent, quels sont les grands titres, où place-t-on la culture et les sports, etc. Je ne pense pas que le choix de quotidiens pour réaliser pareille initiative soit négatif.

- Olivier Chastel, Ministre de l'Audiovisuel et des Arts et Lettres (MR): Je salue les opérations menées jusqu'ici en matière d'apprentissage de la presse écrite pour les mêmes raisons que je viens d'évoquer pour les médias audiovisuels parce que je pense qu'éveiller l'esprit critique et la lecture, c'est excellent. C'est encore trop timide mais ce qui est déjà fait est excellent. Je pense qu'il faut saluer l'initiative des médias qui insèrent dans leurs publications des suppléments spécifiques à destination des enfants. À l'inverse, je pense qu'il est judicieux aussi d'apprendre l'analyse de la presse écrite dans les écoles avec nos vrais quotidiens. L'un et l'autre sont complémentaires. Les actions entreprises aujourd'hui sont bénéfiques. Les enseignants peuvent jouer aujourd'hui un rôle important dans l'approche des médias.

- Jean-Marc Nollet, Ministre de l'Enfance (ECOLO): C'est un peu court de dire que l'opération "Ouvrir mon Quotidien" est là pour que les journaux vendent du papier! Je ne pense pas que cette opération ait eu une quelconque influence sur la place que réservait la presse écrite au traitement du thème concernant la télévision et les enfants. Maintenant, je suis prêt à découvrir ce qu'il en est exactement, preuve à l'appui.

En ce qui concerne la presse pour les enfants, il faut reconnaître son utilité, sa pertinence et son existence. J'ai mené aussi des actions avec la presse spécifique pour les enfants: à l'occasion du procès Dutroux, avec "Le Journal des Enfants" ("Vers l'Avenir"), on a diffusé à chaque enfant de 5ème et 6ème primaire un journal axé sur cette thématique.

Pour l'opération "Ouvrir mon Quotidien", on ne s'adresse pas à l'enfant seul. On introduit les quotidiens pour adultes dans un cadre où l'enfant est avec un enseignant et où un travail pédagogique est fait par ce dernier sur la presse, cette presse que les enfants pourront découvrir, espérons-le, lorsqu'ils rentreront chez eux, cette presse qu'on souhaite voir lue avec envie par eux lorsqu'ils seront un peu plus grands.

Ce retour par rapport à la presse écrite me semble intéressant sur le plan d'un travail critique, dans un domaine comme l'actualité, pour tant d'enfants qui regardent surtout la télévision.

Je pense aussi qu'à 11 ou 12 ans, il est bon que le jeune entre progressivement dans la réalité du monde des grands.

Je n'exclus pas de développer également un travail avec la "presse pour enfants" avant la 6ème primaire. J'ai déjà eu des discussions là-dessus dans le cadre de la prochaine législature. Pour la 4ème et la 5ème. Mais je dois faire face à un problème de concurrence entre journaux. On sait que ce secteur ne se porte pas très bien. Tous n'ont pas la même offre en terme de "journaux pour enfants". Autant, avec "Ouvrir mon Quotidien", j'ai pu construire une opération qui faisait consensus à l'intérieur des médias, avec le choix laissé libre aux enfants et à leurs écoles parmi les différents quotidiens, autant, ici, c'est un peu plus délicat pour l'instant. Avec certains groupes, ce n'est pas envisageable. Il faut continuer à discuter et analyser si l'on ne peut pas réaliser un "produit" spécifique pour pareille opération.

Je ne remettrai pas en tous cas en cause, à mon niveau, l'arrivée en 6ème primaire des journaux des grands qui sont aussi des journaux "pour tout le monde".

L'actualité, c'est tous les jours. Il était donc important de montrer aux enfants qu'elle a lieu tous les jours et pas seulement une fois par semaine. C'était pour contrer la télévision qui, elle, est bien présente avec ses JT dès cet âge-là, chez les enfants.

- Julie de Groote, Parlementaire (cdH): Il faut proposer une éducation aux médias appropriée. Par exemple, en faisant venir des journalistes dans les écoles pour parler de leur métier et aider les enfants à décrypter. C'est cela qui est important. Et c'est ce qui se passe. Tant mieux! Simplement donner des "quotidiens" pour adultes aux enfants aurait été insuffisant.

L'étape des journaux écrits était peut-être plus facile à imaginer. L'audiovisuel doit être l'élément suivant. C'est un chantier qui est ouvert.

- Bernard Hennebert: Que pensez-vous du fait que ce sont des journaux pour adultes et non des journaux pour enfants qui ont été proposés aux écoles?

- Julie de Groote: L'un n'exclut pas l'autre. Je pense qu'il y aura une évolution par rapport à cela. Une évaluation de ce décret va être faite. Je n'oppose pas ces deux possibilités. Pas plus d'ailleurs que l'éducation à l'audiovisuel et que celle à la presse écrite.

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