|
Audition de Bernard Hennebert au Parlement:10 propositions concrètes pour le contrat de gestion d'une... autre RTBF 2013Dans la foulée de la publication de son quatrième livre trainant de la RTBF, "RTBF, le désamour" Bernard Hennebert a été auditionné pendant un peu plus d'une heure, le 16 mai 2012, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans le cadre des travaux préparatoires au contrat de gestion 2013 de la RTBF. Mesdames, Messieurs, Voilà de très nombreuses années que je mène assez seul un combat citoyen pour conquérir des droits pour les usagers du "temps libre" (culture, médias, loisirs). Il y a environ dix ans, je me suis fixé deux objectifs concrets. Pour les médias, la suppression de la publicité et du sponsoring à la RTBF, et, en conséquence, des idées pour une revalorisation de ses programmes de service public. Pour le domaine culturel: le développement de la gratuité du premier dimanche pour les musées. Ce dernier dossier a fortement évolué et son avenir est prometteur. Mais aujourd'hui, limitons-nous à la thématique RTBF. 10 propositions concrètes pour le contrat de gestion d'une... autre RTBF 2013La majorité de mes dix revendications concrètes sont sans réel coût financier. Il y a même un plus: la mise en place de plusieurs d'entre-elles peut rapporter gros! 1: Deux évolutions pour le conseil d'administrationJe prône qu'une majorité des treize sièges du conseil d'administration soient attribuées aux délégués des forces vives de la Fédération Wallonie-Bruxelles: des représentants d'associations volontaires issues du monde des usagers de la RTBF, de l'éducation permanente, de l'environnement, de la consommation, de la solidarité, etc. Bien sûr, ceux-ci continueront d'être choisis par nos élus mais cette évolution rapprochera quelque peu ce conseil d'administration des préoccupations quotidiennes des usagers du service public. Exigence complémentaire: pour animer le débat public (hors de l'enceinte du Parlement) sur les évolutions de la RTBF, il est nécessaire de libérer la parole des administrateurs. 2: "Les mercredis sans pub" radio-télé: un oasis de bonheur en milieu de semaineEtonnantes et quasi historiques, les nouvelles déclarations de Jean-Paul Philippot: "(...) Il n'est pas sain d'asseoir la croissance des moyens de la RTBF sur le pilier de la publicité" (La Libre, 13/03/2012). Serait-on arrivé à la fin de cette période irresponsable d'une dizaine d'années au cours de laquelle la publicité, le sponsoring et le placement de produits n'ont fait que prendre plus de place au sein de la RTBF, et influer toujours davantage sur les choix programmatiques, surtout aux heures ou dans les créneaux de vastes audiences? Le Gouvernement a très mal répondu à la demande du secteur associatif. Beaucoup d'argent a été dépensé pour rien. En effet, il a fait réaliser la coûteuse enquête dite "Deloitte" suite à la demande de la plate-forme associative VAP! (Vigilance Action Pub) de mener "une étude scientifique et publique sur les possibilités de financements alternatifs ainsi que sur l'évolution des programmes qui pourraient en résulter". Mais le libellé du cahier des charges n'a pas permis aux enquêteurs d'évaluer les propositions novatrices proposées justement par le secteur associatif. Ce qui confirme les propos faits dès le 16/03/2010 par un collaborateur de la ministre à une délégation de VAP!: l'enquête servira "à fermer les dernières portes". Qui donc aurait tant peur de cette analyse? Pourquoi ne pas permettre aux chercheurs d'analyser les propositions concrètes élaborées depuis l'automne 2008 par les associations actives au sein de VAP!: Inter-Environnement, les Equipes Populaires, le Conseil de la Jeunesse, Univers Santé, Respire, etc.? Ne nous demandez donc plus d'être "responsables" et de rechercher des solutions financières lorsque nous revendiquons la suppression à terme de la publicité à la RTBF. Vous connaissez nos hypothèses. Elles demeurent. Auriez-vous une autre solution sérieuse que de remettre sur l'établi ladite enquête... que vous trouviez pourtant indispensable de mener, selon la feuille de route de l'actuelle majorité? Soyons modérés. Nous savons bien qu'il serait utopique ici d'entreprendre ce que les socialistes ont jugé, il y a peu, indispensable de concrétiser du jour au lendemain en Espagne: la suppression totale de la publicité du service public de l'audiovisuel. 3: Quatorze "notamment" à proscrireC'est fondamental: "Le texte du contrat de gestion doit être beaucoup plus précis que par le passé" . Elle reste plus que d'actualité. Trois exemples:
4: Pouvez-vous argumenter sans l'ensemble des chiffres?De plus en plus souvent, la RTBF brouille le débat démocratique en divulguant certains chiffres qui sont favorables à la politique éditoriale de sa direction tout en occultant d'autres. Trois exemples:
5: Pour respecter toutes les missions, retrouver un équilibreLe divertissement et le sport (du moins en ce qui concerne les disciplines les plus spectaculaires: football, Formule 1, cyclisme, tennis, etc.) disposent de trop de moyens en terme de production, de présence au prime-time, et de communication, ce qui marginalise d'autres missions comme celle de l'éducation permanente. Il faut rétablir un plus juste équilibre dans la programmation et dans le financement accordé aux différentes obligations. Sans même prendre en compte les six mois d'hyper médiatisation d'avant sa mise à l'antenne, The Voice (notez que je ne me positionne pas par rapport au contenu du programme lui-même) aurait récolté 534 articles durant son déroulement (soit 32 articles par émission), selon une informaztion parue dans Sudpresse, le 19/04/2012. Il faudrait développer des efforts analogues pour toutes les autres missions. Pour l'éducation permanente, à titre d' exemple. Ce n'est pas du tout le cas. Conséquence de ce feuilleton d'annonces pour "The Voice" (ou pour d'autre émissions de divertissement ou de sports populaires): une confusion accrue de l'image du service public s'assimilant à celle de son concurrent privé. À tel point que trois experts d'agences médias invités à disséquer en septembre dernier les grilles de rentrée des différents diffuseurs n'ont retenu, pour la RTBF, que cette émission de télé-crochet comme "événement" pour sa rentrée. Il faudrait aussi préciser davantage la nature des différentes missions puisque la RTBF profite du flou du contrat de gestion actuel pour ranger dans les programmes d'éducation permanente C'est du Belge, présenté chaque semaine dans les programmes de "Moustique" comme étant "le magazine de la noblesse"... 6: Externalisation de la médiationLa médiation externe est en général plus productive que la médiation interne. Ceci plaide pour que la médiation à la RTBF soit désormais assurée par un service externe à celle-ci. Le Médiateur de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait coordonner la médiation de la RTBF: à la fois le traitement des plaintes, mais aussi la réalisation des émissions consacrées à la médiation. Que le personnel qui aborde actuellement ces tâches, s'il est performant par rapport à l'objectif "médiation", poursuive son travail, mais en étant détaché de l'autorité de la direction de la RTBF. 7: Une nouvelle émission "concédée": l'éducation aux médiasLa RTBF est "juge et partie" en ce qui concerne la conception des programmes d'éducation aux médias. Puisse l'éducation aux médias être la thématique qui initie une nouvelle génération d'émissions dites "concédées", ces programmes qui sont placés jusqu'à présent sous l'autorité éditoriale d'acteurs tels que les partis politiques, les religions ou les syndicats, et peuvent être réalisées avec les moyens techniques de la RTBF (ou en extérieur) pour être diffusées sur les antennes de celle-ci, selon des horaires appropriés. Le Conseil de l'Éducation aux Médias (CSEM) possède l'expertise, l'infrastructure et le pluralisme indispensables pour mener à bien cette obligation particulièrement sensible. 8: Rideau pour "Arte Belgique"Arte Belgique et La Trois se font concurrence au niveau des programmes culturels, alors que cette première chaîne coûte cher et que la seconde s'organise avec extrêmement peu de moyens. Il serait judicieux de rassembler leurs budgets pour étoffer la programmation et de se limiter à un seul canal de diffusion. C'est Arte Belgique qui devrait disparaître car, durant la diffusion de sa programmation, le public ne peut pas découvrir les émissions d'Arte France. Quatre chaînes de télé ertébéennes pour un territoire grand comme un mouchoir de poche, c'est la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. Tout ceci coûte cher, quoiqu'on en dise, et, en conséquence, on ose accepter la coupure des films par de la publicité sur le service public et y permettre la publicité pour les médicaments de comptoir! 9: Après avoir tant débattu, agissez concrètement par rapport à la "violence gratuite"Vous en avez souvent débattu, et même dans une journée de colloque que vous avez organisé. D'autre part, la RTBF (et les télévisions locales) devraient diffuser chaque année une campagne de promotion et d'explication de la signalétique jeunesse. Par exemple: un spot rappelant l'utilité de la signalétique pour tous les usagers et particulièrement les parents et éducateurs, ainsi que la signification de chaque pictogramme utilisé. Par comparaison, les chaînes françaises, y compris privées, diffusent massivement ce type de campagne, en général une fois par an, pendant plusieurs jours et notamment au prime-time. Comment définir cette "violence gratuite"? À l'automne 2011, les rediffusions des images de la mort brutale de Khadafi envahissent les journaux télévisés. Un usager de la RTBF, Eric Pécher, jeune père de famille militant à RTBF89, écrit, le 28 octobre 2011, au Conseil de la Déontologie: Voici ces critères:
Il serait, selon mon expertise, indispensable de citer ces quatre critères pour définir ce qu'on entend par "violence gratuite" dans le prochain contrat de gestion de la RTBF. 10: Eviter de passer à côté de quelques idées judicieuses du public?Nous devons constater que la RTBF et les décideurs politiques associent de moins en moins les destinataires de la RTBF, c'est-à-dire le public, à l'élaboration de l'avenir de leur service public, via une réflexion collective sur le futur contrat de gestion. De plus, ni les services du Parlement, ni la RTBF n'ont annoncé au public dans quels délais il pouvait introduire une demande pour être auditionné auprès de vous. Est-il vraiment judicieux de tenter ainsi de se passer de l'avis des usagers? Qui donc apportera certaines idées novatrices pour vivifier notre service public? C'est sur le Net que de plus en plus de citoyens, et principalement des jeunes, retrouvent goût à réfléchir à notre audiovisuel. Et pourtant vous n'avez pas accepté d'auditionner le groupe de facebook leader de cette réflexion, le collectif RTBF89. La plate-forme associative VAP! que vous connaissez bien a essuyé le même refus. Dans le quart d'heure que vous m'accordez, il m'est impossible de prendre le temps de vous détailler une série de démarches que des citoyens, ces derniers jours, m'ont demandé de vous communiquer: une pétition pour que la RTBF propose plus de programmes sur l'éducation (HYPERLINK "http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/737103/rtbf-place-a-l-education-svp.html"http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/737103/rtbf-place-a-l-education-svp.html), Mais le pire revient à la direction de la RTBF. Du temps des administrateurs généraux qui précédèrent Jean-Paul Philippot, l'on tentait d'y construire avec le public l'avenir du service public. Je vous rappelle que Christan Druitte a programmé, en pleine négociation du contrat de gestion, le 2 mai 2001, un vrai direct de plus de deux heures au prime-time sur La Deux animé par Jean-Jacques Jespers, ce qui a permis à une petite vingtaine d'interlocuteurs d'aborder l'avenir ertébéen: 9 membres de la RTBF, 4 personnalités politiques, 3 "spécialistes" et 3 représentants de la société civile. Actuellement, c'est le silence sur les antennes de la RTBF. Quel manque d'estime et de confiance pour le public. Quel mépris. On comprendrait tout-à-fait que RTL TVI agisse ainsi, puisque cette chaîne est celle du commerce et de ses actionnaires. Mais la RTBF! Bernard Hennebert, coordinateur de Consoloisirs.be
|
|||
Haut de page |