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Pubs télé: pour une protection des enfants au niveau européenParu dans Le Monde, 17 juillet 2004En Europe, certaines avancées citoyennes de petits pays sont menacées si de grands pays voisins n'emboîtent pas le pas. C'est le cas actuellement, au niveau de certaines restrictions utiles dans la diffusion de programmes publicitaires sur les chaînes de télévision. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) vient d'estimer que l'interdiction de la publicité alimentaire télévisée à destination des enfants est une mesure cohérente et qu'il est impératifs que les enfants soient protégés de façon efficace et durable car il est illusoire de croire que leur sens critique les protège. En fait, interdire en fonction de son contenu (par exemple, la pub alimentaire) tel ou tel spot pourrait s'avérer inefficace car l'imagination des publicitaires leur permettrait à coup sûr de rebondir indirectement. D'autre part, les séquences publicitaires, de manière générale, sont potentiellement toutes dangereuses pour les enfants tout simplement parce que ceux-ci les prennent pour argent comptant puisqu'ils n'ont pas la maturité pour faire la distinction entre de l'information et de la réclame. Il s'agit donc bien de supprimer à un niveau Européen, dans un premier temps, la présence de programmes publicitaires dans les espaces réservés aux enfants par les petites lucarnes. Bien entendu, il est fréquent que les enfants regardent aussi d'autres émissions, mais tout progrès entame sa marche de manière parcellaire. Reprocher le côté inabouti d'une première esquisse d'une mesure qu'il semble urgent de mettre en place reviendrait à inihiler toute idée d'évolution sociétale en vue "du bien commun". Pareille attitude ne peut mener qu'au renforcement d'un certain fatalisme ambiant ainsi qu'au développement des abstentions ou des votes extrémistes aux prochaines échéances électorales. Des ébauches de solutions existent. En Belgique, depuis le 1er janvier 2003, la publicité et le sponsoring ne peuvent plus être diffusés pendant les cinq minutes qui précèdent ou qui suivent les programmes destinés aux enfants sur les deux chaînes de télévision du Service public francophone (RTBF). Cette mesure est assortie d'une obligation de produire et de diffuser un nombre important de programmes pour enfants dont un journal télévisé quotidien d'une dizaine de minutes ("Les Niouzz") dont une des rediffusions doit être obligatoirement accompagnée d'une traduction en langue des signes pour les sourds et malentendants. Actuellement, les chaînes privées belges francophones ne sont pas assujetties à cette obligation, contrairement à ce qui est en vigueur dans la partie flamande du pays depuis près d'une dizaine d'années déjà. Lors de la récente campagne électorale, le libéral Olivier Chastel, Ministre francophone de l'Audiovisuel, a revendiqué comme les leaders des autres partis (socialistes, écologistes et humanistes-chrétiens) la poursuite durant la prochaine législature de cette interdiction: "Je pense que c'est une bonne mesure et qu'il faut l'étendre. Il faut chercher une harmonisation européenne. Une première étape serait d'établir un consensus entre les diffuseurs qui émettent en langue française. Tant qu'on ne tombera pas d'accord au niveau européen, on aura des difficultés à rendre cette mesure efficace"(1). Il serait donc judicieux que le Gouvernement français se penche sur ce dossier non seulement pour le bien-être de ses citoyens mais également pour permettre la pérennisation et le développement de ce mesure en faveur de la protection enfantine chez son voisin francophone. Il y aurait d'ailleurs là une sorte de renvoi d'ascenseur puisque la Belgique francophone a adopté la signalétique jeunesse (dite antiviolence) "made in France". Ainsi, à deux, la France et la Belgique pourraient être des interlocuteurs de poids (rien à voir avec l'obésité poursuivie par l'Afssa!) pour tenter d'introduire une régulation plus forte de la publicité à destination des enfants dans la Directive télévision sans frontière. Bernard Hennebert, (1) Voir question 11 des entretiens préélectoraux. |
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