Elections du 23 juin 2004: nos questions culture/média Chapitre 1 | Le financement de la RTBF (questions 1 à 8)QUESTION 3: Si vous décidez que l'évolution de ce quota n'est pas négociable, limiterez-vous aussi d'autres sources de financement qui sont sans doute tout aussi pernicieuses (la diffusion de programmes courts sponsorisés, le bartering, etc.)?- Christian Dupont, Ministre de la Culture (PS): Je pense qu'il vaut mieux être clair... plutôt qu'un peu vicieux! Ces éléments-ci seront également limités. Le sponsoring et le bartering sont des formes moins claires de publicité. Moi, je préfère que les choses soient claires et donc, là aussi, limiter et ne pas autoriser. - Olivier Chastel, Ministre de l'Audiovisuel et des Arts et Lettres (MR): Entendons-nous bien: ces financements font partie des 25%. Je ne suis pas convaincu que ce soit plus pernicieux que de la publicité clairement identifiée comme telle: c'est une question de sensibilité personnelle. Vous pouvez aussi ressentir le sponsoring comme moins envahissant. Ceci étant, si la publicité est clairement séparée des programmes de contenu, c'est effectivement moins vrai pour le sponsoring, et donc la question déontologique des journalistes en charge de concevoir et préparer est un point plus délicat auquel il convient d'être attentif. Le problème pourrait provenir du fait que le contenu de l'émission pourrait être orienté en fonction du sponsoring spécifique d'une émission. La vocation de la dotation, c'est de permettre à la RTBF de produire quand même la majorité de ses émissions sans sponsoring. - Bernard Hennebert: Depuis sa création, le JT des enfants, "les Niouzz" voit sa seule séquence quotidienne récurrente sponsorisée par le département du Ministre wallon de l'écologie. Les journalistes de cette émission n'ont donc pas pu choisir s'ils souhaitaient programmer une séquence quotidienne sur l'écologie, la santé, la citoyenneté ou l'éducation aux médias! Le Ministre n'intervient donc pas sur le contenu mais sur la présence même de cette séquence quotidienne. N'est-ce pas une influence dangereuse au niveau éditorial? Par extension, cela pourrait signifier qu'au 19H30, tel ou tel ministre pourrait aussi influencer la présence de telle ou telle thématique au quotidien!- Olivier Chastel: La conception et le financement des "Niouzz" a posé problème. Je trouve assez positif qu'un Ministre participe à l'élaboration financière de cette émission. Je comprends aisément la justification de son implication. Il ne peut pas non plus contribuer financièrement à ce que l'émission se réalise sans que la justification de ce qu'il met à la disposition de la RTBF n'ait de contrepartie par rapport à son département qui, indiscutablement, est quand même une thématique utile à l'éducation des enfants. Je pense qu'il y aurait des thèmes plus discutables... Ce thème-là ne m'apparaît pas comme discutable même si, en allant chercher loin, effectivement, on impose à la rédaction un sujet en particulier. Je pense que, comme dans tout, c'est une question d'appréciation. J'estime que l'écologie, ce n'est pas un thème inintéressant, loin de là! Cela fait partie, en terme d'éducation, d'un des thèmes prioritaires pour les enfants. Et donc je n'y vois pas malice en la matière. - Jean-Marc Nollet, Ministre de l'Enfance (ECOLO): Oui. Je le disais déjà tout-à-l'heure: la règle est claire et on essaie de jouer dans les interstices. Moi, tout cela m'incite à être attentif et mieux préciser les termes du prochain contrat de gestion. L'actuel court jusqu'octobre 2006. On a donc le temps d'y travailler. - Bernard Hennebert: Jean-Paul Philippot, l'Administrateur général de la RTBF, souhaite que le prochain contrat de la RTBF propose une formulation plus claire des objectifs à atteindre en laissant à la RTBF "plus de liberté sur les voies et moyens"...- Jean-Marc Nollet: Si c'est sur le contenu précis, je suis assez d'accord. Ce n'est pas au politique d'intervenir sur le contenu. Il lui revient de définir des objectifs, des procédures, des minimums, des quotas. Si la revendication signifie que l'homme politique doit être en retrait sur les contenus, d'accord. Mais il doit être très présent sur les processus, sur les objectifs, sur les garanties et sur le contrôle, l'évaluation. Il faut également insister sur la transparence des interventions. On est quand même ici dans un secteur sensible. On le sait bien! On sait que l'audiovisuel détient un rôle que ne joue plus malheureusement la presse écrite auprès d'une importante couche de la population. On peut s'inquiéter de certaines formes de connivence, de relations poussées qui peuvent amener à des dérives comme on en connaît dans des pays tels que l'Italie, la Russie, etc. Moi, je veillerai autant que possible à ne pas mettre la Communauté française dans une telle situation mais les tentations sont toujours bien présentes parce que beaucoup de choses se jouent en terme d'image et de popularité forgées par la télévision. - Julie de Groote, Parlementaire (cdH): Tout à fait. Lorsque je parle de recettes publicitaires, c'est au sens large. Tous ces points sont détaillés dans un instrument, le contrat de gestion. C'est la feuille de route de la RTBF pour les années à venir. L'actuelle mouture devrait venir à échéance à l'automne 2006. Avec la mise en orbite du Plan Magellan, nous pensons qu'il faut revoir le contrat de gestion le plus rapidement possible. Il devrait être mis sur la table du nouveau Gouvernement à l'automne prochain. - Bernard Hennebert: Jean-Paul Philippot, l'Administrateur général de la RTBF, souhaite que le prochain contrat de la RTBF propose une formulation plus claire des objectifs à atteindre en laissant à la RTBF "plus de liberté sur les voies et moyens"...- Julie de Groote: Lorsqu'on a travaillé sur l'actuel contrat de gestion, il y a 3 ans maintenant, nous avions demandé aux représentants de la RTBF s'il ne vaudrait pas mieux s'entendre sur la notion même de Service public. Pourquoi la RTBF n'est pas la même chose que RTL TVi, par exemple? À l'époque, les représentants sur Service public ne souhaitaient pas entrer dans un grand débat de type sociologique et idéologique. Il souhaitaient un texte très concret. Moi, je pense que les deux options sont complémentaires. Il faut en tous les cas un vrai débat sur ce que sont les missions de service public. Ensuite, il faut fixer des règles beaucoup plus fortes sur lesquelles on ne peut pas transiger.
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