Texte publié le 15 septembre 2012
Interpeller au Conseil Communal à Ixelles: cela ne sert-il à rien?
(à propos de la suppression au Musée d'Ixelles de la gratuité du "premier dimanche")
Le 15 septembre 2012:
Des résultats? Nous sommes juste un an après mon interpellation au conseil communal d'Ixelles
Historique: pourquoi le Musée d'Ixelles a-t-il arrêté sa gratuité du premier dimanche?
> www.satiricon.be/?p=1344
Texte intégral de mon interpellation du 15 septembre 2011:
www.satiricon.be/?p=4336
Un an après...
Sommaire:
- L'échevin de la culture n'a pas compris ce qu'est une interpellation
- Mensonge par omission
- Une Commission ou un fantôme?
- Un effet positif, dès le lendemain
- Un an après
1: L'échevin de la culture n'a pas compris ce qu'est une interpellation
Le fait que l'habitant puisse interpeller le conseil communal constitue une avancée majeure en terme de citoyenneté, à condition que les élus acceptent le dialogue, le débat.
Cela n'a pas été de cas l'échevin de la culture car, dans sa réponse, il n'a pas du tout réagi aux arguments précis présentés par le citoyen qui interpellait.
L'échevin avait un droit de "réplique".
Définition du Petit Robert: "réponse à ce qui a été dit ou écrit".
L'élu a esquissé un bilan extrèmement positif de toute sa politique muséale, ce qui n'était pas du tout le thème de l'interpellation, celui-ci étant choisi par le citoyen.
Par contre, l'échevin n'a pas répondu concrètement aux nouveaux arguments proposés dans l'interpellation.
Au conseil communal d'Ixelles, l'argument qui revient le plus souvent pour expliquer l'arrêt de la "gratuité du 1er dimanche" est d'ordre financier.
Or, fait nouveau, une proposition concrète fut présentée dans l'interpellation afin de résoudre ce problème bien réel:
"(...) Il faut, ce jour-là, réintroduire "le don" au Musée d'Ixelles. L'entrée est gratuite mais le visiteur est invité à participer selon ses moyens au financement du musée.
Un ou des panneaux indique(nt) à quelles fins concrètes, pour quel projet précis, son geste sera utilisé.
Cette initiative civique permettrait ainsi à tous de découvrir et de participer à la gestion du musée.
Durant la semaine du 20 avril 2010, le SMAK (Musée d'art contemporain de Gand) a proposé à son public de procéder à un don plutôt que de payer une entrée fixe.
Le montant réellement payé par visiteur fut supérieur au prix moyen habituel de la visite. Découvrez à ce sujet l'enquête menée par Vera Pringels".
Aucune réaction de la part de l'échevin.
À quoi sert donc une interpellation?
Et il faut savoir que cette proposition est de plus en plus d'actualité.
Quelques mois après cette interpellation, la Mairie de Paris a voté la réintroduction de la pratique du don pour ses nombreuses musées gratuits.
Des expériences analogues ont également été expérimentées au Musée Universitaire de Louvain-la-Neuve ou à l'Espace Gallo-Romain de Ath et ont rapporté davantage que le fruit des entrées, lors des autres "dimanches payants" dans ces institutions muséales.
Voilà donc le débats qui aurait dû avoir lieu lors de cette interpellation et qui a été évité. Dommage!
2. Mensonge par omission?
Si l'échevin de la culture a esquissé un bilan très complet de toute sa politique muséale, il a omis certains détails qui, justement, sont en rapport avec le contenu de l'interpellation.
Il a rappellé, à juste titre, que, du 5 février au 25 avril 2010, le Musée d'Ixelles a présenté une exposition sur le cubisme dont l'entrée était gratuite tous les jours.
Mais voici ce que l'échevin a omis de signaler, à ce sujet: Cette exceptionnelle gratuité n'était indiquée, ni sur les affiches, ni sur les dépliants, ni sur le panneau se trouvant à l'entrée du musée. Le journal mensuel toutes boîtes de la Commune a présenté l'exposition à plusieurs reprises, omettant également d'indiquer cette gratuité.
Quelle occasion manquée!
Les gratuités ne sont pas très utiles lorsqu'elles sont offertes à des visiteurs qui sont venus sans savoir qu'ils auraient droit à ce cadeau et étaient prêts à payer.
Ce n'est pas ainsi que l'on part à la recherche d'autres publics! Il est donc important que les musées médiatisent leurs gratuités afin de tenter de séduire de nouveaux visiteurs.
Mon site Consoloisirs rappelle régulièrement: "Respecter les choix du public, c'est lui permettre, via internet, dans les dépliants et au guichet, de découvrir toutes les réductions et les gratuités qu'un musée propose, avant qu'il n'achète son ticket".
3. Une Commission ou un fantôme?
Dans leurs répliques, les représentants des différents partis et, dans sa conclusion, le Bourgmestre ont émis l'idée de créer une commission pour aborder les différentes problématiques muséales soulevées par l'interpellation: notamment la gratuité du Musée d'Ixelles mais aussi la quasi inacessibilité à la population active de deux autres musées fédéraux qui participent également à la réputation culturelle de la Commune d'Ixelles: le Musée Wiertz et le Musée Meunier qui sont gratuits chaque week-end, mais uniquement sur réservation préalable, et pour des groupes de 10 à 30 personnes!
Un an plus tard, le citoyen interpellateur n'a pas une seule fois été mis au courant du suivi (éventuel) de cette proposition qui fut le seul élément concret proposé par les élus en réponse à son questionnement.
L'échevinat culturel fait-il le suivi du débat démocratique qui concerne ses activités?
L'objectif politique du interpellation à Ixelles est-il d'inciter les habitants à la participation, ou de les en dégoûter?
4. Un effet positif, dès le lendemain
Le bourgmestre m'a un peu brusqué, sans doute à juste titre.
Ce qu'il ne savait sans doute pas, c'est que ma prestation un peu hésitante était due au fait que j'étais accablé par une pneumonie.
Il ne m'a pas permis de présenter ma conclusion, affirmant que j'avais dépassé mon temps de parole. Le bourgmestre déclara que le règlement prévoit 10 minutes.
Je lui fis remarquer que le site internet de la Commune affiche 15 minutes.
Il me rétorqua que c'est le règlement qui est le lieu de référence. Je n‘ai, hélas, pas eu la possibilité de lui dire qu'il est logique que le lieu prioritaire où les habitants découvrent ce règlement est le site internet, et que celui-ci sert notamment à cela.
La réalité est que le réglement a évolué depuis de nombreux mois et que le site internet, sur ce point, n'a pas été tenu à jour.
Ma contestation a été utile puisque dès le lendemain, le site a été mis à jour, au profit de l'ensemble de la population.
Comme j'avais réalisé des photocopies du texte de mon intervention et que je les avais distribuées, en amorce de la séance, aux différents représentants du conseil communal, on peut supposer qu'ils auront eu l'occasion de découvrir mes conclusions.
5. Un an après
- Quelques mois après l'interpellation, le 2 mai 2012, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté un décret qui rend obligatoire pour les musées subsidiés la "gratuité du premier dimanche"
(tous les parlementaires ont voté pour, à l'exception des parlementaires MR qui n'ont pas voté contre, mais se sont simplement abstenus).
- Conséquence de ce vote: on va progressivement passer de 50 à 100 institutions muséales pratiquant cet avantage.
Vu le nombre de musées participants à terme, cette mesure sera de plus en plus connue et deviendra, à terme, une nouvelle pratique familiale populaire.
- L'arrêt de la gratuité du premier dimanche au Musée d'Ixelles interdit donc à l'avenir au Musée d'Ixelles toute recherche de subventions complémentaires au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
- Le Musée d'Ixelles ne profite donc pas non plus de la médiatisation des musées pratiquant cette gratuité, activité qui actuellement est soutenue financièrement par La Loterie Nationale.
- La professionnalisation de la médiatisation de cette gratuité est assurée désormais par l'ASBL "Arts & Publics" qui est établie sur la Commune d'Ixelles.
Son président et son administateur délégué sont Ixellois.
- Dans "La Libre", une centaine de personnalités politiques, culturelles et sociales viennent d'apporter leur soutien public aux objectifs de cette association:
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/760250/la-gratuite-dans-les-musees-c-est-maintenant.html
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