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Note aux parlementaires (29/01/2006) À propos des émissions de médiation à la RTBFLe 29 janvier 2006, j'ai envoyé les réflexions suivantes aux parlementaires concernés par les travaux de refonte du contrat de gestion de la RTBF pour 2007-2012 ainsi qu'à Mme Marianne De Boeck, Médiatrice de la Communauté française. Les parlementaires auditionnent, le mardi 31 janvier 2006 en fin d'après midi, Mme Marianne De Boeck, la Médiatrice de la Communauté française. Les services de celle-ci peuvent être saisis par les usagers qu'en dernier recours, lorsque leur tentative de dialoguer avec la RTBF n'a pas abouti. Dans le rapport 2005 de ses services qui vient d'être remis à Mr Jean-François Istasse, le Président du Parlement, on apprend que vingt-cinq personnes ont fait appel à ses services concernant des plaintes adressées à la RTBF. Celles-ci avaient pour sujet l'impossibilité de capter le JT de la RTBF à l'étranger, l'interruption brutale de la diffusion du JT traduit en langue des signes, l'interruption "intempestive" des retransmissions sportives, etc. On peut espérer qu'au cours de cette audition, les parlementaires feront le point sur la médiation à la RTBF. En effet, la médiation est un atout qui doit permettre au service public de se différencier des chaînes privées et de créer avec ses usagers le dialogue, de les associer à son évolution Les critiques, souvent constructives, du public peuvent également constituer un garde-fou contre les influences trop prégnantes des annonceurs et des sponsors sur la direction et le personnel du service public. Les émissions de médiation que la RTBF doit diffuser au moins dix fois par an, tant en radio qu'en télévision, permettent au public de visualiser les attentes des usagers et les réponses du service public. Il convient de savoir que ces émissions sont les seules qui sont placées sous la tutelle directe de l'Administrateur général Jean-Paul Philippot. Ces émissions sont particulièrement malmenées actuellement. Au cours de son audition au Parlement, ce 18 janvier 2006, Mr Philippot a déclaré, à propos de l'évolution de l'émission de médiation en télévision, qu'il en était plutôt satisfait. Il ne s'est pas positionné en ce qui concerne l'émission de radio. Il me semble donc qu'il serait utile que les parlementaires demandent à Mme De Boeck ce qu'elle pense des différentes facettes de ce doissier, en tant que spécialiste de la médiation. 1: La résolution de conflits est éliminéeEn prélude à ce questionnement, que penser du fait que la RTBF indique sur son site internet qu'elle opte pour "une forme de médiation particulière qui n'entre pas dans la catégorie de la résolution de conflits"? Elle fait également croire à son public que:"Il est difficile d'instaurer dans une entreprise de radio ou de télévision une véritable fonction de médiation à l'instar de ce qu'une entreprise prestataire de service (La Poste, Belgacom,...) ou une entreprise commerciale met en place, afin de réguler ses rapports avec les clients". Au contraire, les deux années durant lesquelles Jean-Jacques Jespers a animé "Qu'en Dites-Vous?" ont démontré que le service public était tout-à-fait capable de prendre en compte la médiation sous tous ses aspects, y compris la résolution de conflits. 2: L'émission de téléQue penser de l'évolution de l'émission de médiation en télévision? Du temps de Mr Jespers, elle se déroulait dans les conditions du direct pour éviter tout montage, des téléspectateurs étaient invités sur le plateau pour exprimer leurs griefs auxquels répondaient des représentants de la RTBF. Le mot de la fin était toujours donné au téléspectateur. Mr Jespers faisait des propositions de médiation. Régulièrement, l'émission revenait sur des dossiers précédents pour découvrir comment ils avaient évolué. Enfin, Mr Jespers donnait plus de temps de parole au téléspectateur parce que celui-ci est généralement moins habitué à condenser sa réflexion sur un plateau TV. Depuis que Mr Philippot a été nommé à la RTBF, on constate que la présence physique sur le plateau des usagers a été éliminée et que ce sont des acteurs du monde publicitaire, des professeurs d'université et surtout nombre de membres de la hiérarchie ertébéenne qui sont invités à s'exprimer. Il n'y a donc plus de dialogue avec les usagers. À l'inverse de ce qui se passe, par exemple, dans "L'Hebdo du Médiateur", sur France2. Avec le départ de Mr Jespers pour enseigner à plein-temps à l'ULB, l'émission est passée d'hebdomadaire à mensuelle. Elle n'a pas été programmée en janvier et de mai à novembre en 2005 (la RTBF n'a d'ailleurs pas respecté son quota minimum d'émissions à diffuser, cette année-là). La nouvelle émission qui doit remplir l'obligation du contrat de gestion s'appelle "Décode". Il ne s'agit pas d'affirmer ici si elle est intéressante ou non, mais bien de constater qu'il s'agit d'une émission qui décode les médias, qui fait de l'éducation aux médias, mais qui fait très rarement un travail de médiation. Il me semble qu'il serait utile que les parlementaires interrogent Madame De Boeck sur le fait de savoir si, selon elle, la RTBF programme encore "une émission de médiation" en télévision. Et si la présence active d'usagers sur le plateau n'est-elle pas nécessaire dans pareil projet? Ne faudrait-il pas définir le mot "médiation" de manière précise dans le texte du prochain contrat de gestion? 3: L'émission de radioEn radio, l'émission de médiation se déroulait, une fois par mois, pendant une heure, à date fixe (même si celle-ci a régulièrement évolué), en fin de matinée, sur La Première. Depuis septembre 2004, l'émission a été discrètement intégrée dans la séquence "Questions publiques" , pendant un quart d'heure seulement, à la fin de "Matin Première", vers 8H45, sur la Première. Ce rendez-vous est irrégulier (tantôt un mardi, tantôt un mercredi, tantôt un jeudi, ...). Elle n'est pas annoncée au public comme étant l'émission de médiation. Celui-ci imagine donc qu'il s'agit d'une émission comme les autres et ne prépare pas ses questions en connaissant la nature du cadre dans lequel elle seront diffusées. L'émission se déroule comme les autres "Questions publiques". Il n'y a pas de travail de médiation durant lequel le public est invité à dialoguer avec un responsable de la RTBF. Il n'est pas proposé d'évolution concrète à mettre en place, à propos des problèmes soulevés. Souvent, le but de cette émission est de justifier les décisions de la RTBF ou de faire la promotion de nouveautés récemment mises à l'antenne. Mme De Boeck pourrait-elle dire, en tant qu'experte, s'il s'agit encore là d'une émission dite "de médiation" ou, à nouveau, la RTBF travestit-elle son obligation? 4: Vers un affadissement global du concept de médiation?La Médiatrice de la Communauté française pourrait-elle également se positionner sur le fait de savoir si cet aberrant traitement de la médiation par la RTBF n'insinue-t-il pas une définition erronée auprès du public qui, en fin de compte, perdrait confiance dans la médiation, d'une manière globale, qu'elle soit réalisée par tel ou tel autre service public, pour telle ou telle administration? 5: Pourquoi pas une médiation externe?Ne faudrait-il pas demander à Mme De Boeck s'il ne serait pas plus efficace de mettre en place une médiation externe à la RTBF? Quand on voit combien l'actuelle direction a profondément détricoté tous les acquis de la médiation à la RTBF, il semble vain de lui demander de faire marche arrière... Voici une proposition concrète. Qu'en pense Mme De Boeck? La RTBF continuerait de répondre de manière circonstanciée aux courriers de ses usagers dans les trente jours ouvrables. Si ceux-ci étaient insatisfaits des réponses obtenues, ils pourraient, dans un deuxième temps, faire appel au Service de Médiation de la Communauté française. C'est ici que serait coordonné le travail de médiation proprement dit de la RTBF. Le Service de la Médiatrice de la Communauté française serait également chargé de produire et de réaliser les émissions de médiation tant pour la radio que pour la télévision. Le personnel de la RTBF serait obligé de répondre positivement aux invitations d'y participer. Ces émissions seraient d'une certaine façon des émissions concédées. Le contrat de gestion de la RTBF préciserait les heures, jours et canaux de diffusion. > Contact: Bernard Hennebert |
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