Rubrique "À l'écoute des usagers du temps libre" de Bernard Hennebert
N°68 | Soyons des auditeurs actifs!
Le Ligueur du 12 mai 2004
Les radios ne sont pas des médias de seconde zone! Leur régulation est pourtant plus complexe à mettre en place que celle des chaînes de télévision.
Notre Conseil Supérieur de lAudiovisuel a déjà condamné certains excès. Une amende de 1.000 euros sanctionna la diffusion sur Radio Contact de propos portant atteinte à la dignité humaine: à loccasion dune finale du tournoi de tennis de Wimbledon entre Justine Henin et Venus Williams, un animateur qualifia cette dernière de singe. La même radio écopa dune autre amende qui était, cette fois-ci, couplée à lobligation de diffuser à six reprises dans ses journaux parlés le texte suivant: "Lors de ses émissions du journal parlé du 10 au 14 juin 2002, Radio Contact a fait précéder la séquence Le Journal du Mondial dune annonce de parrainage en contravention au décret sur laudiovisuel. En conséquence, le CSA a condamné Radio Contact à une amende de 2.000 euros et à donner lecture de ce communiqué".
Pas de "Peak Time" pour les radios!
Ces deux exemples sont exceptionnels car le contenu de ce qui est diffusé à lantenne fait rarement lobjet de poursuites, à linverse dinfractions techniques, souvent émises délibérément par des "réseaux" puissants et sans vergogne, comme lutilisation de fréquences non attribuées ou sans autorisation.
Il ne faudrait pas en conclure que nos radios sont sages comme des images! Dans un rapport quil vient de publier dans "Régulation"(1), Henri Benkoski, le Secrétaire dInstruction du CSA, note: "Le contenu des programmes fait très rarement lobjet de plaintes dauditeurs, et, je le rappelle, mon service nest pas en mesure de pratiquer une surveillance continue et systématique des radios".
Les radios sont fort nombreuses, émettant parfois dans des zones très circonscrites. Il est donc difficile au personnel réduit du CSA dêtre à leur écoute dautant plus que, jusquà présent, le Gouvernement ne lui a pas enjoint de mener pareille veille minutieuse. Il est de plus en plus suggéré que lorgane de régulation fasse lacquisition dun "monitoring" qui permettrait denregistrer les émissions. Mais il nest pas encore question quensuite il faille tout analyser, comme cela se passe en France! Lemploi de cet outillage permettrait surtout de plus être dépendant des diffuseurs pour la communication des enregistrements incriminés. Jusquà présent, le CSA doit leur demander de lui fournir la preuve de leur éventuel délit! Certains diffuseurs mettent beaucoup de temps pour répondre à cette requête, ce qui retarde le cours de linstruction, ou envoient des "copies de production" qui ne correspondent pas toujours à ce qui a réellement été diffusé!
Lorsque "Peak Time", la machine numérique qui enregistre les chaînes 24H sur 24, arrivera au CSA, rien ne sera résolu en ce qui concerne les radios car cet outil ne soccupera que des télévisions. De plus, le coût de larchivage imposé par le décret pour compenser le manque de moyens octroyés au CSA est impossible à assumer pour les radios associatives à petits budgets. Radio Judaïca a dû payer à deux reprises une amende de 1.000 euros pour navoir pas remis les enregistrements demandés.
Effets préventifs
Que les éducateurs et les parents soient attentifs à cette remarque de Mr Benkoski: "...Cette situation semble dautant plus dommageable quelle permet à des émissions sadressant principalement à un public jeune précisément peu enclin à porter plainte alors que les adultes se désintéressent, eux, de ce type démissions déchapper actuellement en grande partie à tout contrôle efficace et à toute régulation qui serait parfois un bien nécessaire!".
Toutes les plaintes des usagers sont traitées par le CSA(2). Elles doivent concerner des infractions présumées au droit audiovisuel. Leffet principal dune mobilisation du public ne doit pas conduire nécessairement à telle ou telle sanction mais plutôt à une prise de conscience accrue par lensemble des diffuseurs quun public critique est attentif à leur production avec tous les effets préventifs qui pourront résulter de ce constat.
Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be
(1) Bulletin trimestriel et gratuit envoyé sur simple demande au CSA.
(2) Les plaintes doivent être formulées par écrit:
Conseil Supérieur de lAudiovisuel
35, rue Chapelié
1050 Bruxelles
E-mail: csa@cfwb.be
Le site est très détaillé: www.csa.cfwb.be
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