Rubrique "À l'écoute des usagers du temps libre" de Bernard Hennebert
N°58 | La gratuité des musées entre au Sénat!
Le Ligueur du 18 février 2004
Une interpellation d'un citoyen ou la publication d'un reportage peuvent convaincre un sénateur de poser une question orale au ministre concerné. C'est ce qui vient de se passer avec la demande de changer le jour de la gratuité mensuelle des musées fédéraux.
Les uns après les autres, les ministres viennent au Sénat pour répondre à ces questions orales au cours de la séance plénière qui se déroule généralement le jeudi, entre 15 et 17 heures. Celle-ci est accessible au public via la tribune qui lui est réservée dans l'hémicycle mais également grâce à internet qui en propose une diffusion vidéo en direct(1).
Les sénateurs ne se privent pas de poser ces questions orales "d'intérêt général" qui doivent avoir trait "à un objet important et urgent". Leurs textes sont transmis aux ministres compétents dont les cabinets préparent les réponses dans des délais souvent fort courts et parfois avec les conseils de l'administration concernée.
L'auteur de la question et le ministre disposeront chacun de trois minutes pour s'exprimer. Seul, le sénateur qui a posé la question pourra pendant une minute proposer une réplique ultime. Le tout est mis par écrit (et accessible sur le site du Sénat). Les attachés de presse des différents groupes politiques informent régulièrement les journalistes des résultats de ces séances.
Une thématique qui fait l'objet de pareil cheminement n'y trouvera pas nécessairement une solution mais son passage par la séance plénière du Sénat renforcera l'attention des élus, des médias et, donc, du public.
Les sujets de ces questions ne tombent pas du ciel! "Le citoyen est un magnifique relais d'idées. Il ne se rend pas assez compte que les parlementaires en ont besoin."(2), nous explique Roberto De Primis, l'attaché parlementaire de Jean-François Istasse, le sénateur (PS) qui a interpellé le 22 janvier dernier la ministre Fientje Moermen (VLD) à propos de la gratuité des musées fédéraux.
"Au contribuable"
Aux musées des Beaux-Arts, d'Histoire ou des Sciences Naturelles, ne faudrait-il pas transférer la gratuité actuelle du 1er mercredi du mois (seulement après 13H!) à un dimanche entier? Cette question a retrouvé son acuité depuis la publication dans notre chronique du constat d'Helena Bussers, la Conservatrice en chef des musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles: "Pourquoi le mercredi? On a peut-être oublié que les adultes qui travaillent en journée visitent aussi les musées. Ce n'est pas un cadeau, le choix de ce jour!"(3).
Dans sa réponse, Mme Moermen rappelle que le mercredi après-midi est le moment où "les enfants sont le plus susceptible de venir visiter le musée avec des grands-parents ou un parent qui peut se libérer à ce moment: travailleur à temps partiel, enseignant,...". Et pas le dimanche?
Relevons que le choix du mercredi est discriminatoire vis-à-vis des enfants dont les parents travaillent à plein temps... et surtout vis-à-vis de tous les majeurs qui n'ont pas congé en semaine! D'ailleurs, la ministre reconnaît implicitement que cette gratuité s'adresse à tous les citoyens: "Une gratuité partielle reste une mesure importante pour améliorer l'accessibilité de la culture et pour offrir au contribuable une possibilité d'y accéder sans droit d'entrée". En concluant, elle annonce: "Pour poursuivre la réflexion sur la gratuité partielle et en particulier sur la gratuité pendant une partie du week-end, je vais demander un rapport à l'Observatoire des publics des Etablissements scientifiques fédéraux afin d'évaluer les attentes du public...".
Plus de 10.000 visiteurs!
Grâce à cette question orale, "la gratuité" du dimanche entre ainsi dans le débat politique. D'ailleurs, le fait que plus de 10.000 visiteurs aient envahi gratuitement les nouvelles salles des musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, le dimanche 7 décembre dernier, n'est pas passé inaperçu auprès de nombreux observateurs.
Le sénateur Istasse répliquera en signalant que tous les musées de la ville de Paris ont connu une augmentation de la fréquentation de 78% grâce à leur nouvelle "gratuité". Un succès analogue a également été constaté récemment en Angleterre. Il signale qu'il posera prochainement une question analogue au Parlement de la Communauté française. Enfin, il demande qu'on en revienne à la gratuité des chômeurs et des handicapés (NDRL: récemment supprimée par le Ministre Picqué).
Avec la sénatrice Isabelle Durant, le chanteur Jeff Bodart, le journaliste Henri Sonet et la professeur Anne Morelli, il est l'un des premiers signataires d'un "Appel" pour cette gratuité dominicale qui est désormais téléchargeable sur www.consoloisirs.be.
Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be
(1) www.senat.be
(2) Les adresses professionnelles et/ou privées des sénateurs et des députés sont accessibles sur le site du sénat et de la chambre.
(3) Le Ligueur du 26/11/2003.
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