Elections du 23 juin 2004: nos questions culture/média Chapitre 2 | Le non-respect par la RTBF d'une partie de son contrat de gestion (questions 9 à 10)QUESTION 9: Pendant plus de deux ans, la RTBF n'a pas respecté certaines nouvelles obligations de son contrat de gestion: en télévision et en radio, une soirée annuelle consacrée à l'éducation aux médias; en télévision et en radio, agenda et émission consacrés à l'éducation permanente...Avant de financer des émissions qui ne sont pas inscrites de manière précise dans le contrat de gestion (certains jeux, par exemple), la RTBF ne devrait-elle pas d'abord utiliser prioritairement ses financements (dont la dotation) au respect de ses obligations?- Christian Dupont, Ministre de la Culture (PS): Je regrette vraiment que la RTBF n'ait pas rempli ses obligations en la matière. Je peux vous dire également que des acteurs culturels tels que Bernard Foccroulle (directeur du Théâtre Royal de la Monnaie) ou Jean-Louis Collinet (futur directeur du Théâtre National) que j'ai rencontrés, il y a plusieurs mois déjà, se sont tous plaints de la part en portion de plus en plus congrue réservée à la culture par la RTBF. Je pense qu'on peut et qu'on doit faire mieux. L'éducation permanente n'est pas non plus quelque chose qui vient après, si on a le temps et si on a quelques moyens... La culture, c'est quelque chose d'essentiel qui fait partie de la vie des gens, qui leur permet de se situer dans le temps, dans le monde. De faire le lien avec leur passé, de se projeter dans le futur, d'exister par rapport à d'autres en les respectant. C'est tout à fait fondamental. On n'en fait pas assez! Je pense que c'est difficile de faire de la culture en télé, un média très immédiat, un média pas nécessairement approprié. Il n'empêche: j'ai une frustration, j'ai un regret. Je pense qu'il faut en faire plus comme il faut en faire plus à l'école, même si c'est pas le sujet de cet entretien. Je pense que faire de la culture simplement tous les trois mois parce qu'on visite un musée ou parce qu'on assiste à une pièce de théâtre avec sa classe, cela n'a guère de sens. La culture doit faire partie intégrante de notre vie. La culture doit être intégrée au cursus scolaire. Et donc, également à la RTBF, puisqu'il s'agit de la même uvre d'éducation. L'éducation par la culture, c'est fondamental. J'ai donc un vrai regret, une vraie frustration, une vraie demande. Nous sommes actuellement un pays de grande richesse culturelle. Les Français envient notre foisonnement culturel. Comment faites-vous pour être si bons, nous disent-ils... Cette qualité culturelle mérite mieux! - Olivier Chastel, Ministre de l'Audiovisuel et des Arts et Lettres (MR): Je suis d'accord avec vous. Je pense que c'est un point qu'il conviendrait de préciser dans le contrat de gestion. Pour tout ce qui est flou, la RTBF se retranche derrière son pouvoir d'appréciation et je ne peux pas lui dire grand chose. Et donc cela fait partie des obligations qu'il convient de préciser et de faire accepter par la RTBF qui tarde à mettre en uvre les éléments judicieux que vous venez de citer. - Bernard Hennebert: Votre prédécesseur a proposé d'énormes amendes pour AB3. Vous, que ferez-vous par rapport à la RTBF puisque le CSA, concernant ces manques, vient de rendre au gouvernement un avis très critique... Les dérégulations "citoyennes" seront-elles mises sur le même pied que celles qui sont davantage "économiques" (manque d'emploi chez AB3, par exemple)?- Olivier Chastel: Moi, je ne sais pas s'il faut réclamer des sanctions financières à la RTBF. Je n'en suis pas partisan. Je suis plutôt enclin à être suffisamment contraignant pour qu'ils mettent en place ce à quoi ils se sont engagés. Demain, se basant sur l'avis du CSA, il faut contraindre la RTBF à remplir l'ensemble de ses missions. - Public: Exigerez-vous que la RTBF ait une comptabilité analytique?- Olivier Chastel: Je suis d'autant plus sensible à cette demande qu'elle fait partie des aspirations du monde politique par rapport aux entreprises publiques dont la RTBF. Je suis tout à fait favorable à cette comptabilité très précise. On l'a réclamé à la SNCB pendant 25 ans et on l'a enfin obtenue, il y a 2 ou 3 ans. Il faudrait que tous les ans la RTBF en parfaite transparence puisse démontrer l'utilité de la dotation. - Jean-Marc Nollet, Ministre de l'Enfance (ECOLO): C'est évident. C'est la logique même du contrat de gestion. Il y a une série d'obligations en contrepartie du financement. Le reste, la RTBF peut le faire mais il faut qu'elle réalise d'abord ce pourquoi elle a reçu sa dotation. Je me réjouis que l'agenda "éducation permanente" vient d'être mis à l'antenne. Cette émission, ce n'est pas nous qui l'avons pensée, suggéré. L'un des rôles du politique est de relayer. Cet agenda, ce sont les Ecolos qui se sont battus pour le faire inscrire dans le contrat de gestion. J'accepte qu'une partie du retard de la mise à l'antenne de cette émission soit dû au fait que, pour créer une nouvelle émission, il faut désormais lancer un appel à projet, ce qui prend du temps. Maintenant, "Ça bouge" est là. Réjouissons-nous. Voyons aussi comment déployer ce nouvel outil. Il n'en reste pas moins que sur l'éducation aux médias, il y a un retard. La soirée annuelle prévue dans le contrat de gestion doit être un "moment" focalisateur pour d'autres initiatives en matière d'éducation aux médias. On en a besoin! Je voudrais relever ce fait salvateur en Espagne. Pourquoi les Espagnols ont-ils rejeté le gouvernement Aznar? Pas seulement parce qu'il a participé à la guerre contre l'Irak mais aussi parce qu'il a menti et que la télévision a joué un rôle pas clair du tout durant les jours qui ont suivi les attentats de Madrid. Elle avait menti sur les pistes réelles en jeu. Moi, cela m'a également rappelé la crise de la dioxine. On constate donc que des opinions publiques peuvent réagir violemment. Si les responsables politiques ou les directions de chaînes ne sont pas capables de s'en rendre compte demain, à un moment, cela leur sera rappelé violemment de l'extérieur. Dans l'éducation aux médias, il y a des enjeux dont il est plus que temps que le Ministre de l'audiovisuel se saisisse. Penser "interdiction", c'est bien, mais cela ne suffit jamais. Il faut penser "éducation". Là, se trouve la victoire durable. C'est un peu comme la différence entre "autorité" et "respect". Le respect, c'est ce qui reste lorsque l'autorité est partie. Le respect demeure, car on y a été éduqué et qu'il fait partie de nous-même. - Julie de Groote, Parlementaire (cdH): Le contrat de gestion actuel ne définit pas assez clairement quelles sont les missions de service public de la RTBF. La citoyenneté responsable ou l'éducation aux médias devraient être présentes en permanence dans ses programmes. Il faudrait que la formation du personnel de la RTBF en tienne compte. C'est un état d'esprit avec lequel devraient se réaliser toutes ses émissions, y compris les jeux!
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