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Nos médias (N°8 / 9 mai 2006)
Point de "Montebourg" chez nous?

Enfin! En France, un député ose s'attaquer à la politique spectacle du petit écran. Arnaud Montebourg a reçu "un déluge de mails de citoyens", selon ses mots, et une vingtaine de signatures d'autres députés pour sa pétition qui réclame davantage de débats politiques sur les chaînes privées et publiques(1).

Interviewé par l'hebdo culturel Télérama (26/04/2006), il s'explique: "De vrais débats, sur de vrais sujets de société, ça attire les téléspectateurs! Le pays a soif de politique, il s'interroge sur son avenir. Audimat ou pas, la nation a le droit d'avoir une exigence démocratique envers sa télévision. Un élu, aujourd'hui, n'a pas les moyens de faire entendre ses idées: les rares émissions sérieuses invitent toujours les mêmes têtes depuis vingt ans. Du coup, il ne lui reste plus que les émissions de divertissement. Je ne supporte plus cet avilissement. C'est décidé, je boycotte... Aujourd'hui, je réclame aussi une réforme du système de régulation audiovisuelle: avec ses nominations politiques, son manque d'exigence, ses connivences, il est vermoulu".

Opportunisme à la veille de la campagne présidentiellede 2007? Pas vraiment. En 1993, alors jeune avocat au Barreau de Paris, Montebourg, était déjà l'un des aiguillons de "TV Carton Jaune", une association de juristes qui déposa plainte contre TF1 et Patrick Poivre d'Arvor, à propos de la diffusion de la fausse interview de Fidel Castro. Les motivations de cette mobilisation qu'il me confiait à l'époque conservent d'ailleurs leur acuité: "En France, le droit à une information honnête et exacte est une exigence d'ordre public garantie par la Constitution. Or, aucune autorité n'est chargée de mettre en œuvre un tel impératif à l'égard des journalistes: le Conseil supérieur de l'Audiovisuel a déclaré forfait; les chaînes de télévision ne veulent pas subir la contrainte déontologique qu'elles pourraient d'elles-mêmes instituer; les syndicats des journalistes n'ont jamais réussi à imposer cette exigence déontologique aux patrons de presse. Le Gouvernement ne souhaite pas légiférer sur cette question délicate qui risquerait de le placer en position de censeur. Il reste donc au public à s'organiser pour faire condamner au moins symboliquement les diffuseurs...".

Aucun des nombreux universitaires, hommes politiques et représentants des médias ou du CSA ne présentèrent cet exemple récent et inédit de "boycott" médiatique durant les cinq longues heures d'échange du colloque "Politique spectacle et télévision: en Communauté française?" qui s'est tenu, ce 4 mai, au Parlement de la Communauté française. À l'exception du président de celui-ci, Jean-François Istasse, qui le cita brièvement en exemple lorsqu'il conclua les travaux(2).

Communauté française, une "terre d'accueil" pour les (nombreux) colloques qui observent, sans y porter remède, le progressif mélange des genres qui mène à l'info divertissement. Et... aucun parlementaire Don Quichotte à l'horizon!

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be

(1) www.renover-maintenant.org
(2) Pour recevoir régulièrement et gratuitement "Régulation", le pertinent bulletin d'information du CSA ainsi que le numéro hors série qui détaille en 50 pages l'enquête de l'UCL qui a nourri ce colloque sur la politique spectacle, envoyez vos coordonnées à: CSA, Rue Jean Chapelié, 35 à 1050 Bruxelles. Courriel: info@csa.be.



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