Nos médias (N°7 / 2 mai 2006)
La règle du "zéro débat contradictoire"

Sous la direction de Christian Druitte, au moment où l'on débattait de ce qui allait constituer le contrat de gestion en vigueur actuellement, la RTBF pouvait aborder sur ses antennes d'une manière assez particulière la "règle des 5 minutes" qui allait interdire dès 2003 la diffusion de publicités autour des émissions pour enfants sur le service public. En effet, le 28 août 2001, "Tout autre chose" proposa sur La Une, une heure durant, un débat partisan puisque ses trois intervenants étaient tous opposés à la création de cette règle!

Aujourd'hui, avec Jean-Paul Philippot, la situation est différente mais demeure tout aussi problématique. À la propagande, succède le silence au moment où l'actuel administrateur général fait le forcing pour tenter de supprimer la règle des cinq minutes dès 2007. Est-ce mission impossible que de diffuser un débat contradictoire à propos de la publicité sur les antennes du service public?

Lui qui, par ailleurs, sans sourciller, a la prétention de mettre à l'antenne des programmes de décodage à la publicité! La réponse est oui.

"Question à la une" pointe le fer là où cela fait mal sauf si la plaie concerne la RTBF elle-même. Le 1er mars, les 400.000 téléspectateurs qui ont vu le reportage sur la mabouffe seront restés sur leur faim. Le reportage "Les enfants sont-ils victimes de la publicité?" montrait les effets de celle-ci en terme d'obésité chez les plus jeunes. Mais à aucun moment il ne fut question du débat sur l'éventuelle suppression de la règle des 5 minutes qui faisait rage au même moment dans le landerneau politique et médiatique. Ce sujet a également été "oublié" dans un débat axé sur la publicité proposé par l'émission de (pseudo) médiation "Décode", le 25 mars dernier.

Interpellé sur ce mutisme ertébéen, lors de "La rencontre publique sur la publicité télévisée" organisée ce 24 avril par le Ministère de la Communauté française, Mr Philippot a déclaré que le débat portant sur le contrat de gestion de la RTBF se déroulait au Parlement et que, dans ce contexte, il entendait respecter sur les antennes une stricte neutralité.

Cette attitude tranche avec celle adoptée lors de l'échéance précédente. On se souvient par exemple que le 2 mai 2001, Jean-Jacques Jespers avait animé une soirée télévisée "La RTBF, c'est vous" pendant plus de deux heures de direct au cours de laquelle ont débattu neuf représentants du service public, quatre personnalités politiques, deux universitaires, un journaliste de la presse écrite et trois représentants des usagers.

Ainsi, aujourd'hui, le public est privé de tout débat sur l'évolution de l'audiovisuel dont il est un usager, alors qu'il est normal que "Mise au point" aborde tous les autres thèmes sociétaux régulièrement au moment où ceux-ci sont débattus par les parlementaires.

Bernard Hennebert
bernard.hennebert@consoloisirs.be